La soeur que j’ai toujours voulue – Andréa Abreu (2022)
Dans un hameau perdu des îles Canaries, vivent deux jeunes filles : la narratrice, gamine livrée à elle-même alors que ses parents travaillent jour et nuit au service des touristes, et sa meilleure amie, Isora. Entre les héroïnes, perdure depuis l’enfance une amitié fusionnelle et dévorante. Alors qu’arrive le temps des premiers émois, le duo entre en adolescence comme on entre en rébellion. Ce sera elles deux contre le reste du monde.
C’est ainsi, elles partagent tout, pour le meilleur et pour le pire… mais le pire n’est jamais loin pour cette jeunesse démunie et oisive. L’île, terre riche de contrastes, devient le théâtre d’une tragédie cruelle, alors que les plages ensoleillées déversent toujours plus de touristes et que le poids des nuages sur les versants volcaniques menace les petits villages décatis abritant la population – le luxe le plus indécent côtoie la misère nue ; la terre de légendes hantée par les sorcières rencontre la décadence de la modernité.
Andrea Abreu brosse le portrait impitoyable d’une génération et d’un pays privés d’horizon, portée par une plume âpre, cruelle, virtuose.